Les années 90 : le virage fusion et la quête d’identité
Si les années 80 établissent Biréli comme un prodige, les années 90 marquent son évolution vers un artiste à part entière. C’est une période où il explore de nouveaux territoires musicaux, guidé par une soif perpétuelle de créativité. Biréli joue avec des musiciens comme Jaco Pastorius, John McLaughlin et Stanley Clarke, qui auront une influence significative sur son style. La rencontre avec Jaco, notamment, marque un tournant décisif dans sa carrière : Biréli découvre l’univers du jazz fusion.
Pendant cette décennie, Biréli adopte de plus en plus la guitare électrique, notamment pour exprimer une palette sonore élargie. Son jeu devient plus audacieux, plus expérimental. Des albums comme Electric Side (1994) mettent en lumière cette nouvelle orientation. L’influence de la fusion est palpable, avec des compositions où le swing manouche côtoie des grooves funky, des progressions harmoniques complexes et des techniques inspirées du rock.
À cette époque, sa technique de picking s’adapte également : son jeu à la main droite devient plus varié, intégrant des attaques plus fines, des phrasés legato et des effets expressifs comme le bending ou le vibrato, moins courants dans la tradition manouche classique. Biréli commence aussi à expérimenter avec des sonorités plus modernes, parfois même incorporant des effets électroniques à son équipement pour enrichir son jeu.
La quête de liberté musicale
Un des projets emblématiques de cette période est Standards (1993), un album où Biréli revisite les standards du jazz. Il y fusionne avec brio sa maîtrise traditionnelle et son approche contemporaine, confirmant sa capacité à transcender les genres. Ici, il s’émancipe des schémas typiques du jazz manouche pour s’approprier un langage plus universel, flirtant avec les influences de Wes Montgomery, George Benson ou encore Jim Hall. Ce n’est plus seulement un héritier, mais un créateur en quête de son propre son.