Analyse concrète : Les octaves dans “Improvisation en Sol” et “Minor Swing”
Pour comprendre la plus-value concrète de cette technique chez Biréli Lagrène, regardons une séquence marquante : sa fameuse "Improvisation en Sol" à Samois (Festival Django Reinhardt 2003). Dès la première minute, Biréli expose le thème à l’octave, avant d’explorer différentes modulations. Pourquoi ce choix ? Plusieurs effets sont immédiatement perceptibles :
- La mélodie ressort nettement, emportant le public en une seule phrase.
- L’attaque : Biréli attaque les octaves alternativement doigts/onglet, pour des nuances subtiles, rappelant que sa virtuosité ne sacrifie jamais l’expressivité au profit de la technique pure.
- La dynamique collective : on remarque que les accompagnateurs adaptent leur jeu pour entourer ces phrases plus puissantes, preuve que l’usage de l’octave influence tout l’orchestre (visible à 2min45 sur la vidéo de “Improvisation en Sol Samois 2003”).
Dans “Minor Swing” (enregistrement de 1989 avec Babik Reinhardt), Biréli introduit à plusieurs reprises des segments en octaves lors de la relance du thème, créant une tension supplémentaire devant le chorus suivant. Selon les spécialistes (source : L’Écho de Django, numéro spécial octobre 2015), ce traitement du motif, à la manière de Wes mais dans le style manouche, marque une inflexion moderne du standard.
Quelques extraits marquants à écouter :
- Album Gipsy Project & Friends – “Swing 42”, solo à 2:05 : les octaves donnent un aspect presque vocal à la phrase.
- Album Standards (2010) – “Cherokee”, 1er chorus : construction d’un climax en octaves, suivi d’un retour au single note pour le contraste.
- Live Jazz à Vienne 1985 avec Michel Petrucciani : Biréli module entre chorus classique, octaves et double stops pour colorer chaque relance thématique.